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"Être soi au travail", qu'est-ce que ça veut dire ?

Temps de lecture : 5 min


On entend souvent cette expression, « être soi », nous l'utilisons d'ailleurs de manière délibérée sur notre site Champs Libres. On l'entend beaucoup dans la bouche des coachs, blogueurs, ou philosophes et elle prend bien des formes et conceptions différentes.
Il ne s'agit pas ici de répondre à la question « qui suis-je » et de partir en questionnements existentiels (sujet passionnant cela dit 😊), mais plutôt de regarder la dissonance qui peut apparaître entre « qui je veux être aujourd'hui » et « ce que je fais au quotidien ».

Pour faire très simple, on va simplifier la vie au quotidien en 2 états (rien que ça 😂) :

  • les actions que je mène de manière fluide, en me sentant en accord avec mes valeurs et ma logique, avec envie et énergie (= joie et légèreté)
  • les actions que je mène avec difficulté, qui créent une tension en moi, qui sonnent « dissonantes » et qui viennent se poser en opposition à mes intuitions et comportements spontanés (= stress, anxiété, tristesse et colère)

On pourrait dire que dans le premier cas on accomplit en étant soi et dans le deuxième on se coupe de soi, mais pourquoi se retrouve-t-on dans le deuxième cas ?

Être soi face au conformisme et à la dissociation pro/perso

Une des raisons principales est le conformisme dans lequel tendent à nous mettre la société, notre entreprise, nos amis, les médias, etc. Pas de grande théorie du complot ici, juste un besoin humain fondamental d'essayer de rejoindre l'idéal qu'on lui a présenté dans le but d'être accepté et aimé par les autres.
Durant tout notre parcours et notre formation, nous enregistrons certains comportements comme « professionnels »/« corrects », nous formons donc des croyances sur ce qu'il « faut faire » au travail.
Beaucoup de ces croyances sont en accord avec notre système et ne posent pas de problème. Cependant, certaines peuvent venir créer une dissonance entre ce qu'on aimerait être ou faire et ce qu'on croit devoir faire. Mais on se met inconsciemment à préférer adopter les comportements qu'on croit être corrects pour le monde du travail.

Un beau jour, quand trop de ces dissonances apparaissent, on peut se réveiller en ayant l'impression d'être dissocié. Il y a le « vrai moi » et le « moi au travail ».
Je crois qu'être soi au travail, c'est commencer à chercher des solutions pour ramener un peu plus de ce que j'ai envie d'être spontanément dans ce que je fais au quotidien.

Être soi : gérer les doubles contraintes

Mais évidemment, ce n'est pas si simple. Si on adopte ces comportements dissonants malgré notre envie profonde de faire autrement, c'est qu'il y a une bonne raison. On pense sincèrement que si l'on n'agit pas comme on le croit dicté, on va être rejeté ou désapprouvé par l'environnement dans lequel on se trouve. Et c'est aussi une partie de nous, cela touche directement à nos besoins de sécurité et d'appartenance.

On se retrouve donc avec cette double contrainte :

  • exprimer ce qu'on a envie d'être pour s'épanouir et être en accord avec soi
  • jouer ce qu'on croit être bon pour être accepté et valorisé par les personnes avec qui on travaille

Ce sujet est complexe et il n'est pas aisé de le résoudre en quelques lignes, mais voici ce que je crois être bon de faire à ce stade :

  • Prendre conscience de cette dissonance : et oui, la majorité du temps ceci reste inconscient pendant un moment. Il faut donc commencer par prendre de la hauteur et regarder ça avec honnêteté.
  • Questionner la croyance : « Je ne peux pas faire ça au travail », « en tant que pro, je me dois de… », vraiment ? Que se passe-t-il si je fais autrement ? En quoi est-ce un problème ?
    Pas de discours de bisounours 🤗, je n'insinue pas que ces croyances sont infondées, le monde est complexe et certaines sont sûrement pertinentes, mais ça vaut le coup de prendre un temps pour regarder : une bonne partie des croyances « limitantes » pourraient s'envoler ici.
  • Tester par petits pas : pour faire bouger des croyances, rien de tel que de commencer par des petits pas. On commence à bouger des petites choses, sans se mettre « en danger » et on constate si cela est faisable ou pas. On bouge doucement les curseurs, on peut déconstruire beaucoup de choses en douceur, on n'est pas obligé de passer de 0 à 1 en un instant.
  • Conscientiser et accepter le fait de jouer un rôle par moment : par moment, on se retrouve forcément dans des situations où le besoin de « convenir » à notre environnement va être plus important que l'envie « d'être soi ». Le conscientiser et accepter le fait de préférer cette option à ce moment-là permet de mieux le vivre. On « joue le jeu », en conscience des besoins que l'on nourrit.

Je crois sincèrement que les bénéfices à aller vers plus d'authenticité et spontanéité sont grands. Pas seulement pour l'épanouissement du collaborateur, mais aussi pour l'organisation. Une personne qui se sent alignée dans ce qu'elle fait est plus productive, plus créative, crée un climat positif autour d'elle, gère mieux le stress, accueille le changement et collabore mieux.

Être soi au travail c'est aussi arrêter de couper la vie en deux et de refaire de l'entreprise une aventure humaine plutôt qu'une grande machine (cf. les travaux de Gareth Morgan). Ce ne sera pas toujours facile, et les vieilles habitudes de notre environnement peuvent être tenaces, mais ça vaut le coup d'essayer 😊.

Etienne

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